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Le 1 février 2021 à 07h22
par Félix Bouland

Car-Sharing: partager pour mieux rouler

Depuis plusieurs années, l’idée de ne plus posséder de voiture «individuelle» et de se déplacer via la location d’une voiture partagée a fait son bout de chemin. De nos jours, plusieurs acteurs offrent une multitude de services avec leurs avantages et leurs inconvénients. Éclaircissons nos lanternes sur ce sujet à la réputation encore trop timide.

Comme la traduction de son nom l’indique, le car-sharing se base sur un principe simple :  le partage.  On ne parle donc plus de possession automobile, mais de location dépendante de l’utilisation. Une voiture partagée sera donc, purement et simplement, utilisée dans un but final, et l’utilisateur payera soit au kilomètre, soit à l’heure. Le car-sharing   se base sur la conviction que la majorité des voitures individuelles, qu’elles soient privées ou  de  société,  passent  95%  de  leur  temps  à  l’arrêt. Un fait qui se rapproche exponentiellement de la réalité lorsque les utilisateurs habitent en ville.  Sur ce point, il nous faut être clair et noter que le car-sharing et le car-pooling, malgré leurs écritures similaires, sont deux façons de se déplacer distinctes.  La première, qu’on baptise également auto-partage, décrit l’utilisation d’une même voiture par plusieurs personnes, les unes à la suite  des  autres.  A contrario, on parlera de car-pooling (covoiturage) lorsque plusieurs personnes font un trajet à bord du même véhicule.

 

AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS

Ces dernières années, le paysage de la mobilité partagée s’est ouvert à   plusieurs   horizons.   L’avènement  de   certaines   technologies   et   applications pour  smartphone  a  notamment  permis  à  de  nouveaux  services  de  naître.  Le car-sharing  se  distingue  aujourd’hui  en  deux  utilisations: l’auto-partage en boucle ou l’auto-partage en flotte libre.

Dans le cas du premier, le véhicule loué doit être pris et ramené à la même station ou dans une station de la même enseigne. C’est la façon la  plus  ancienne  de  partager  des  autos.  D’un  côté,  ce  système  est  pratique puisqu’il garantit à chaque utilisateur une place dédiée. C’est surtout utile lorsqu’il s’agit d’un véhicule électrique. D’un autre côté, ce n’est  pas  le  système  le  plus  flexible  et  sa  popularité  et  sa  facilité d’utilisation dépendront surtout du nombre de stations.L’auto-partage en flotte libre veut contrecarrer cet obstacle. Avec cette solution,  la  voiture  partagée  peut  être  prise  et  déposée  à  n’importe  quel endroit, dans un périmètre prédéterminé. L’inconvénient principal du car-sharing en flotte libre est que la voiture ne se trouve jamais au même endroit.Enfin,  plusieurs  start-up  et  sociétés  ont  développé  des  plateformes permettant aux acteurs particuliers d’entrer en lien afin de mettre leur voiture en location ou de louer une voiture. C’est le cas notamment de Getaround (ex-Drivy).

 

POUR QUEL PROFIL?

L’intégration  du  car-sharing  dans  la  politique  des  voitures  de  société  devrait  être  davantage  prise  en  compte,  surtout  depuis  l’arrivée  du  budget  de  mobilité.  Mais  il  faut  garder  en  ligne  de  mire  le  profil  de  conducteur  de  l’employé.  Pour  le  citadin,  la  voiture  partagée  est  le  complément  idéal  aux  transports  publics  ou  aux  autres  services  de  mobilité partagée, tels les vélos et autres scooters électriques. Dans ce cas-ci, l’employé pourra utiliser une voiture partagée en flotte libre afin d’effectuer de petits trajets exceptionnels dans la ville, tandis que les voitures partagées en station lui conviendront mieux pour des déplacements périurbains ou dans des zones moins bien desservies par les transports en commun. D’après une étude de la région Bruxelles-Capitale, le trajet moyen est de 8 km et 35 minutes pour le car-sharing en flotte libre et de 7 heures et 48 km pour celui en station. À  l’opposé,  le  car-sharing  ne  conviendra  pas  du  tout  à  un  employé  habitant  et  travaillant  en  dehors  de  la  ville  puisque  la  majorité  des  acteurs  dans  l’auto-partage  sont  actifs  dans  les  grandes  villes  telles  Bruxelles, Anvers, Gand ou Namur.

 

LE CAR-SHARING EN BELGIQUE

Plusieurs  sociétés  sont  actives  dans  le  car-sharing  en  Belgique,  des  acteurs bien connus aux start-ups en passant par les sociétés de leasing désireuses  d’étendre  leur  offre.  Dans  le  cas  de  ces  dernières,  elles  mettent une flotte à disposition d’une société et le partage s’effectue entre les employés.Depuis  plus de  15  ans  maintenant,  Cambio  est  actif  en  Belgique.  Aujourd’hui,  la  société  aux  sources  allemandes, se  basant  sur  un  partage  à  station,  propose  1.426  voitures  dans  54  villes  belges.  Son  offre se base sur un abonnement mensuel de 4, 8 ou 22€ en fonction des besoins. Prix auquel il faut ajouter un prix au kilomètre.Actif exclusivement à Bruxelles et Anvers, Poppy propose des voitures en flotte libre à 0,36€ la minute. Il y a 500 voitures, 400 e-scooters et 200 trottinettes réparties entre Bruxelles et Anvers.Bien que Cambio annonce avoir effectué plus de 550 000 locations en 2019 et que les chiffres augmentent, l’utilisation des voitures partagées pour le trajet domicile-travail reste très limitée. D’après une étude de SD Worx, seulement 3% des employés déclarent utiliser le car-sharing. Il  faut  aussi  noter  que  beaucoup  de  sociétés  d’autopartage  ont  dû  mettre la clé sous la porte en Belgique par manque de rentabilité. C’est le  cas  de  DriveNow,  ZipCar  et  Zen  Car,  qui  vient  d’être  repris  par  la  société luxembourgeoise Moovee.

 

RÈGLES FISCALES POUR LE CAR-SHARING

Conséquences pour le travailleur:

Les coûts des services de car-sharing (type Cambio avec des places de stationnement fixes ou type Poppy en free-floating) sont considé-rés comme des coûts de véhicules et suivent donc les règles fiscales classiques. Si un travailleur utilise une voiture en car-sharing pour ses déplacements privés et/ou domicile-travail, un avantage de toute nature est calculé selon le taux de CO2 du véhicule. Si l’employé ne l’utilise qu’à des fins professionnelles, il n’y a alors pas d’avantage de toute nature. L’avantage est calculé en fonction des jours d’usage sur une base de 365/365 jours.

Conséquences pour l’employeur:

La déductibilité fiscale dépend du taux de CO2 du véhicule. Celui-ci n’est généralement pas indiqué sur la facture. Vous pouvez le trouver sur internet ou via l’entreprise de car-sharing. Si un employé utilise une voiture de car-sharing pour ses déplacements domicile-lieu de travail et/ou privés, son employeur est aussi redevable d’une cotisa-tion de CO2.

Car-sharing et budget de mobilité:

Le car-sharing est aussi rendu possible au sein du pilier 1 (max 95 g/km de CO2 en 2021) du budget de mobilité ou au sein du pilier 2, sous la forme d’une location d’une voiture familiale pour les vacances. Cela avec un maximum de 30 jours calendrier par an.

 

Avantages

• Facturation à l’usage

• Places dédiées (car-sharing en station)

• Accès mains libres via smartphone ou carte

Inconvénients

• Usage limité

• Dépendant du nombre de stations (car-sharing en station)

• Uniquement en ville

 

Félix Bouland

Félix Bouland, rédacteur de cet article